LA MOUCHE ET LE GORILLE
LA MOUCHE ET LE GORILLE
Il était une fois, un gorille qui aimait se pavaner dans la forêt, ou plutôt, « Sa » forêt ! En effet, ce gorille en était le maître, le roi incontesté, du moins le croyait-il…Ceci était bien normal étant donné sa prestance, sa beauté brute. Fallait voir ses pectoraux, son poitrail si puissant qui résonnait lors de ses percussions. Percussions qui rappelaient à tous sa supériorité ! « Hou Hou Hou….Hou Hou H » faisait-il.
Un jour, une petite mouche passa par-là, bzzz bzzz bzzz. Tranquillement elle explorait les moindres recoins de cette superbe forêt qui fleurait bon la moisissure et quelques odeurs musquées qu’elle affectionnait particulièrement. Elle était si absorbée par sa contemplation qu'elle n’aperçut pas l’énorme animal qui faisait pourtant tout pour qu'on le remarque, et fonça dedans.
- Quel affront ! Un être si minuscule qui me zappe moi ! dit le gorille.
La mouche, à moitié sonnée, commença l'exploration de ce mont de poils et de musclés si tonitruant. Elle en fit d'abord le tour, bzzz bzzz bzzz, bzzz bzzz bzzz, pour finalement s'intéresser à ces gros orifices si appétissants se situant sur le devant de cette tête froncée.
- Quoi ?! Qu'est ce que… ?! Ah mais elle n'est quand même pas entrée dans mes narines cette microscopique chose ! hurla le gorille. Et il souffla, inspira, fourra chacun de ses doigts dans son nez mais rien n'y fit, la mouche était maîtresse des lieux, paisiblement installée dans un recoin salvateur.
La mouche pensait : « Alors toi qui te crois si supérieur, si invincible, que peux-tu faire pour me débusquer hein ? »
Le gorille, hors de lui, furieux de se sentir piégé et victime de tant d'irrespect gronda, tambourina tant et plus sur son poitrail gonflé d'orgueil. Il courut, roula, tourna, mais rien n'y fit, la mouche jubilait. Elle commençait déjà à se voir dominante, reine de la forêt, et rendant fous tous ces animaux soit disant plus forts qu'elle. Elle se délectait de sa supériorité. Et tout en rêvant et se gaussant, aveuglée d’orgueil, elle ne se rendit pas compte qu'elle s’éloignait de son recoin protecteur. Elle se retrouva finalement dehors, trop près de ces poings énervés qui continuaient à marteler de dépit ces pectoraux meurtris. Et paf, ce qui devait arrivait arriva, prise dans les tourbillons de ces membres déchaînés, elle se retrouva décalquée sur la paroi tannée de cet orgueilleux poilu !
Le gorille, enfin libéré bien que décoré de ce fauteur de trouble, poussa un cri de soulagement et jura de faire attention à ce genre de petite bête qui avait failli lui faire perdre son aplomb.
Moralité :
Grand ou petit, fort ou rapide, personne n’est à l’abri de se voir désarçonné par trop d'orgueil déclaré.
Izaki