Je suis avare, oui et alors
Je m’appelle Milo et j’ai neuf ans. Je suis né au mois d’avril et on me dit d’habitude que c’est pour ça que je suis rigolo. Mais aujourd’hui on m’a caractérisé d’un nouveau mot : avare.
Je marchais dans la rue avec maman, et je tenais dans ma main une petite pièce de 2€ toute brillante. J’étais très content parce qu’on était vendredi, et que le vendredi on va acheter un pain au chocolat en sortant de l’école. On était dans la rue du magasin mais devant la boutique il y avait un vieux monsieur tout sale. Maman ne m’a pas vu, elle était sur son téléphone, mais je me suis arrêté pour le regarder. Il m’a demandé ce que je voulais faire avec cette pièce. Je ne lui ai pas répondu et j’ai serré très fort le petit objet que maman m’avait donné, et que j’avais attendu toute la semaine. Je me souvenais du goût du chocolat encore chaud dans ma bouche, de la pâte fondante. Et aussi du sourire de maman quand je lui avais demandé la monnaie. Je l’ai alors collée contre ma poitrine, dans mes petits poings fermés, et je suis parti vers maman en courant. J’ai eu le temps d’entendre le monsieur grommeler : « Le petit avare ! ».
Je me retrouve à présent adossé à mon lit, le dictionnaire ouvert sur les genoux :
« L’avarice (latin Avaritia) : accumulation des biens et des richesses sans intention de les dépenser. »
D’abord perplexe, je me suis mis à réfléchir. Je suis un grand maintenant, alors je veux comprendre tout seul.
Ma richesse, je pense à mon pain au chocolat.
Le dépenser, le donner ? Ah non ! C’est l’argent de maman et elle me l’avait offert à moi.
Ca voulait dire que j’étais radin ? Sûrement.
Et alors ?
Le cœur plus léger, je ferme le gros livre et pars retrouver maman dans la cuisine.
Lo