Caridad

Dans un petit village isolé au fin fond de l’Espagne, un homme âgé et malade vivait avec sa jeune et très belle fille nommée Caridad.

 Cette dernière savait que sa beauté faisait des ravages dans le cœur des jeunes hommes du village qui n’avaient d’yeux que pour elle.

 Son père désespérait de la voir un jour la bague au doigt. Pourtant, il voulait par-dessus tout qu’elle soit mariée avant qu’il ne quitte ce monde. Le brave homme avait travaillé très dur toute sa vie durant, avec sa pauvre épouse, afin de préparer une dote pour marier leur fille.

Mais Caridad ne s’intéressait pas à ses prétendants et se moquait du physique de chacun d’eux : celui-ci a un nez trop long ; celui-là est un peu trop gros …

-          Caridad, ce n’est pas très charitable de faire remarquer à ces braves garçons leurs traits disgracieux ! lui disait son père. Ne pourrais-tu pas avoir un peu d’indulgence et apprendre à ouvrir ton cœur aux autres ? Ne soit pas cruelle et impitoyable, sinon tu resteras toujours seule.

-          Cher père, je suis belle et intelligente et je ne veux pas me rabaisser à épouser un de ces prétendants. Je n’ai pas besoin d’un homme pour vivre, ton argent me suffit ! En tant que père tu pourrais avoir une ambition plus noble pour moi, ta fille !! répondit-elle d’un ton très méprisant.

Par sa cruauté, Caridad ne savait pas ménager la sensibilité d’autrui et faisait beaucoup de peine à son pauvre père, qui ne savait plus comment lui faire entendre raison depuis le décès de sa mère.

Mais pourquoi cette belle enfant ne pouvait-elle ressentir la moindre compassion envers les autres. Serait-elle un jour généreuse et serviable ? ressassait sans cesse son père.

-          Tu sais Caridad, tu as la beauté de ta mère, mais celle du cœur est aussi essentielle pour lui ressembler profondément. Elle était très aimée par les gens du village à qui elle offrait ses services sans rien attendre en échange. Elle aurait tant voulu que tu lui ressembles …

-          Fi, quelle drôle d’idée ! s’exclama Caridad.

Et malgré les recommandations de son père, Caridad préférait continuer à ne vivre que pour elle et à ne manifester aucune bienveillance envers les autres. Son égoïsme rendait vain tout effort charitable, jusqu’au jour où elle rencontra sur son chemin une vieille femme très affaiblie qui lui tendit la main en lui demandant de l’aide.

-          Mon dieu, se dit-elle, elle pourrait être ma mère ! Mon père a donc raison. Je dois l’aider…  Et elle lui offrit son bras pour qu’elle puisse continuer son chemin.

Depuis ce jour, Caridad changea complètement sa manière d’être. Elle accepta au fond d’elle-même de ressembler à sa chère mère disparue.

Elle était chaque jour d’avantage à l’écoute des gens qui l’entouraient et la compassion l’avait gagnée.

Son cœur avait enfin pris le dessus et elle devint plus charitable.

Bernie