Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zin'o'script, blog et revue de l'association Ecri'service
1 novembre 2016

L'imprudence

usage-du-plastron

Comment avais-je pu être aussi imprudent ?

Après toutes ces années je me pose encore la question. C’était le temps du service militaire. J’exerçais sous l’uniforme les fonctions d’opérateur radio. Ce dimanche-là, car cela s’est passé un dimanche, j’étais de garde à la station radio de la caserne. Mais en qualité de radio, il me revenait également d’assurer la garde pour les installations électriques de la caserne : ampoules grillées à remplacer, courts-circuits à dépanner, etc.

En fin d’après-midi, alors que j’allais me rendre au réfectoire pour le repas du soir (on dîne tôt dans l’armée), le téléphone de la station sonna : plus de lumière à la soute à essence.

La soute à essence, c’est la station-service de la caserne. Des véhicules peuvent aller y faire le plein même de nuit, aussi un lampadaire éclaire t-il l’endroit.

La caisse à outils en bandoulière, non sans y avoir rajouté deux ampoules, me voici parti vers la fameuse soute à essence. A côté de la pompe, un cube de béton contenant la tête de la cuve et haut d’environ un demi-mètre supportait un tube d’acier de trois mètres de hauteur au sommet duquel se trouvaient l’ampoule et son réflecteur. L’interrupteur de commande était situé sur le tube. Me voici donc en train de grimper sur le cube de béton, ma caisse à outils en bandoulière. J’attrapai de la main gauche une main-courante en fer, je posai le pied sur le béton, et pour finir l’ascension, je pris à pleine main le tube du lampadaire. Aussitôt je ressentis dans tout le corps la vibration caractéristique du courant alternatif à cinquante hertz… J’essayai de libérer mes mains, mais elles restèrent collées… Je tentai de reprendre mon souffle pour forcer le mouvement, mais ma respiration était coupée… J’étais tétanisé. J’étais en train de m’électrocuter. J’essayais de gigoter pour bouger mes bras, mais l’horrible vibration continuait. J’avais alors eu clairement conscience que mes derniers instants étaient arrivés : un dimanche, la cour de la caserne était déserte, personne ne serait là pour me secourir. Je pensais à mes parents. Comment apprendraient-ils ce qui m’arrivait ? Tout en cogitant de la sorte, j’avais rassemblé le peu de forces qui me restaient pour essayer de basculer en arrière. La caisse à outils était assez lourde. Tout d’un coup je me retrouvai en bas du socle de béton. La vibration avait disparu, je pouvais remuer mes membres et respirer à nouveau librement. Assis par terre, je compris que le poids de la caisse à outils m’avait aidé à me libérer. Je me levai, un curieux sentiment de bonheur m’avait envahi : je m’en étais sorti ! Mais des picotements dans les mains me tirèrent de cette plénitude éphémère : j’étais brûlé aux deux mains là où mes paumes étaient restées collées. Puis une pesanteur dans l’épaule droite se manifesta. Pensant avoir été engourdi par l’électricité je me mis à remuer le bras comme l’on fait pour s’échauffer avant le sport. La lourdeur se transforma en douleur vive. J’avais une bosse sur le devant de l’épaule. Je ne comprenais pas. Reprenant la caisse à outils par sa courroie de cuir, je descendis jusqu’à l’infirmerie. Heureusement, le toubib de garde, jeune appelé en cinquième année de médecine était là. Il m’examina : luxation de l’épaule. Direction l’hôpital militaire.

Dans cet établissement, on me remit en place l’articulation démise et on soigna mes brûlures aux mains. J’héritai d’un magnifique plâtre thoraco-brachial que je dus garder pendant cinq semaines !

Durant toute cette période d’immobilisation, je pensais sans cesse à l’imprudence dont j’avais fait preuve. Devant un problème électrique, quel qu’il soit, il ne faut jamais saisir à mains nues des pièces métalliques pouvant être accidentellement sous tension. Car si le lampadaire n’éclairait plus, c’est qu’un des fils d’alimentation était « à la masse ».

Croyez bien que depuis, après plus de quarante ans, je prends toujours des précautions devant une telle situation. 

Richelieu image

Publicité
Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 36 107
Publicité

Bienvenue sur le blog de l'atelier d'écriture Ecri'Service !
Vous pourrez y retrouver nos textes, nos chroniques, nos revues....

Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à lire nos productions que nous en avons eu à les écrire.

Pour les actus de l'association, des articles, des fiches techniques, des interviews d'auteurs, cliquez sur notre site :

atelierecriservice.wordpress.com
Logo Ecri'Service blog


Les textes, photographies et illustrations présentées sur ce blog sont la propriété exclusive de leurs auteurs.

Pour toute utilisation partielle ou totale, merci de demander l'autorisation en utilisant le lien de contact ci-dessous.

Contacter l'équipe du blog

Pages de présentation des contributeurs


Nos mécènes et partenaires

Logo Lattes



logo Cecile Gris hd



logo-prestaweb-Grand-v2

 

Logo Impact



Bannière médiathèque


Artisanal'Pose 2

 

 

Publicité