Le tailleur de pierre
Sur le pont d’Avignon on y danse, on y danse,
Belles dames et gentilshommes jouent, rient et dansent.
Et moi, tailleur de pierres, je construis des ponts,
Je polis la pierre à la sueur de mon front.
J’envie leurs rires et leurs chants insouciants,
Les femmes s’amusent et sautillent comme des enfants.
Abaissant leur haute forme, les hommes se saluent,
Leurs regards se toisent, lequel sera l’heureux élu ?
Poussiéreux et sans le sou, pauvre tailleur,
Il est sûr que je n’aurai pas cet honneur.
Que ne donnerai-je pour un habit de velours,
Une belle dame et quelques nuits d’amour.
Savent-ils seulement ce que veut dire travailler,
Courir les chemins, ne pas avoir de foyer ?
Je voudrais que mon bel ouvrage s’effondre.
Plus de danse, plus de beau monde.
Mais que dis-tu Petit Benoit Benezet !
N’oublie pas que tailleur de pierre tu es !
Je reprends alors ma sciote et mon rabotin,
Entre ces deux rives mon pont sera le lien.
Je veux offrir un avenir nouveau
Fait de rencontres, de paysages, d’allegro.
Pour les hommes, faciliter leur chemin
Devenir un peu leur ange gardien.
Plume DO