Randonnée VTT, sur les traces de Stevenson
Dans une récente chronique, Glade 3.5 nous exposait son aversion exagérée pour le printemps et ses sportifs saisonniers.
Le texte que nous vous proposons aujourd'hui en est un peu le pendant. Il s'agit d'une chronique en vers rédigée par notre très flegmatique Marabout, racontant son aventure en VTT sur le chemin de Stevenson. Toutes les rimes du texte sont en "ard", ce qui représente une véritable prouesse compte tenu de sa longueur et du thème abordé, pas forcément compatible avec la poésie. Le tout est traité avec beaucoup d'humour et d'autodérision, comme une réplique au texte de Glade : "Sportif saisonnier, et alors ?"
Une fois de plus, c'est LN qui se charge de la partie illustration. Les photographies qu'elle nous propose ponctuent avec bonheur le récit de Marabout, comme autant d'étapes de voyage.
Petite précision : pour ceux qui l'ignorerait, le chemin de Stevenson est un sentier de Grande Randonnée au travers des Cévennes, nommé d'après le célèbre écrivain Robert Louis Stevenson qui le parcourut à la fin du 19ème siècle. Stevenson relata cette expédition dans un ouvrage intitulé "Voyage avec un âne dans les Cévennes".
RANDONNEE VTT
Sur les traces de Stevenson
(1-5 juin 2015)
Non, ce n'était pas pour le col de l'Izoard,
Rien à voir avec l'histoire des douze salopards,
Pour ces douze gaillards en route au pays des Camisards.
Equipés simplement de maillots et de cuissards,
Ils s'élancèrent sur le Chemin de Stevenson, les veinards !
Fiers de leur destrier à deux roues, mais pas vantards,
Ces douze VTTistes partirent, sans étendard,
Du Puy-en-Velay, sous un soleil goguenard,
Sur les GR sept ou sept A ou soixante-dix vers St Jean du Gard.
Guy, Pierre, Jean, Paul, Otto, Jean-Marc : de vrais routards,
Jean-Luc, Denis, Francis, Serge, Antoine : de faux traînards.
Inscrits à LLC(*), à Lattes ils se donnaient rancard
Pour préparer cette aventure. Pas de flemmards,
Dans les montées, solidaires comme des maquisards ;
Dans les descentes, ils jouaient parfois les flambards,
Mais n'oubliaient jamais les copains en panne ou en retard.
(*) LLC : Lattes Loisirs et Culture, association lattoise
Sur le GR, peu d'espoirs de rouler vraiment peinard !
Des cailloux, des pentes raides, c'était pas du billard !
Après quarante kilomètres, ils retrouvèrent le plumard,
Au gîte "La Retirade" au Bouchet St Nicolas, assez tard.
Satisfaits de leurs efforts, ils levèrent avec joie leur quart,
Oubliant les crevaisons, les épines et les coquards.
Ils pensaient au lendemain, aux achats de sauciflard,
Et autres denrées que feraient les plus débrouillards.
Le trois juin, après une étape de soixante kilomètres déclarée "standard",
Ils retrouvèrent, à Notre-Dame-des-Neiges, des moines pas rondouillards,
Dans un site majestueux et serein. Au menu, pas d'épinards
Mais une bonne soupe. Pour le service, à chacun sa quote-part.
Le quatre juin, sous un ciel bleu pur, Guy montra son art
De huilage de chaîne sous une dizaine de regards.
Dispensant une goutte sur chaque maillon avant le départ
Pour rejoindre le Pont de Montvert via Le Bleymard.
Cinquante kilomètres et pas le temps de faire le lézard
Même si, au sommet, ils avaient l’air un peu vasouillards.
Le gîte municipal les attendait pour refaire un peu de lard.
Le lendemain, même fatigués, les héros se sentaient encore léopards
Et se préparaient à souffrir et à suer sous le cagnard.
Le col de la Pierre Plantée les appelait ; c'était la cible de tous les regards.
Enfin, dans la descente vers Saint-Germain-de-Calberte ; c'était bonnard !
Descente joyeuse, libératrice : ils se sentaient briscards...
Jusqu'à l'arrivée, où, sur leurs deux pieds, ils se retrouvèrent pantouflards.
Alors les souvenirs et les projets jaillirent et ils redevinrent un peu jobards !