Les caquelons de Manières

LN frappe encore un grand coup avec cette magnifique pensée sur les traditions perdues, sur les valeurs d'autrefois qui ont contribué à forger son identité. La seule vue d'un ustensile de cuisine oublié peut vous renvoyer à votre propre histoire, vous pousser à vous interroger sur vous-même et sur les relations symboliques que vous entretenez avec les choses.

Les caquelons de LN sont certes poussiéreux et remisés, mais ils n'ont rien perdu de leur lustre flamboyant. Ils sont le feu du souvenir qui couve et se ravive au moindre coup d'oeil, mais aussi le flambeau des valeurs dont nous avons hérité et qui recommence à briller pour guider nos pas dans les périodes obscures. Ces caquelons interpellent notre mémoire et notre réflexion de par leur couleur vive.

LN sait si bien nous faire voir comment les choses qui paraissent simples et dénuées d'importance sont en réalité chargées de beauté de par l'authenticité qu'elles portent en elles.

Vous pouvez retrouver ce texte et bien d'autres encore sur son blog personnel.

LES CAQUELONS DE MANIÈRES

Ils évoquaient la cuisine à l’ancienne, préparée avec amour, et le goût savoureux du plat ainsi cuisiné.

Ces objets métalliques et rouillés titillaient mes sens, ma curiosité. Je pensais avoir découvert un petit trésor de mémoire à travers ce que je supposais être des objets mille fois utilisés et un jour abandonnés.

Ils me parlent de qualité, de générosité, d’hospitalité, de lien. De la valeur du temps qui passe sans être perdu, car ils sont la trame sur laquelle s’élabore le tissu vivant du lien entre les hommes ; ceux qui partagent des valeurs communes, qui ont le respect de la terre et savent tisser des liens précieux avec elle.

Je repense à mon enfance, à la qualité de vie que j’ai pu connaître alors dans cette communauté villageoise, et je trouve là de solides repères, fort éloignés des préoccupations contemporaines de rentabilité, de profit vite acquis, ou de projet à l’emporte-pièce.

Ces caquelons étaient bien un trésor, ils venaient me relier à une partie de moi oubliée, celle qui n’éprouve pas l’angoisse du temps qui passe, et préfère que l’homme se dote d’une histoire.

C’est une dimension bien vivante, bienveillante, celle d’une profondeur de l’être retrouvée, celle de la création aussi : le plat qui mijote là dans mon imagination, c’est ma "cuisine" intérieure, le foyer de mes transformations, où je m’applique à utiliser l’ancien pour faire du nouveau, en accord avec moi-même. C’est une cuisine authentique, rien à voir avec le "fast food", le secret de la recette est contenu dans l’attention que je lui porte.

Ces caquelons auront nourri mon âme comme ils l’ont fait sans doute à d’autres il y a fort longtemps…

Texte et photographie : LN

Comments

[Sri Nath]

Encore un texte d'une profondeur magnifique ! Le passage sur "la cuisine intérieure" me touche particulièrement ; il y a quelque chose d'alchimique dans cette image.