Aziminu
LN a l'art de raconter les recettes de cuisine comme personne. Avec elle, on ne fait pas que préparer à manger : on voyage, on découvre, on apprend ou on réapprend le patrimoine. Ses recettes sont de délicieuses histoires qui vous mettent l'eau à la bouche en même temps que des reportages littéraires sur notre sud dont nous sommes si fiers.
C'est plus exactement sur l'Île de Beauté que LN nous emmène aujourd'hui, à la découverte d'un grand classique qui n'est pas sans rappeler la bouillabaisse. Dans ce texte, LN clame tout son amour pour la Corse, "son île de prédilection" comme elle se plaît à la nommer. Une fois de plus, les produits de la mer sont à l'honneur. Mais qu'importe ! On ne se lasse pas de ces vagabondages le long des littoraux, vagabondages qui sont l'occasion de bons gueuletons entre amis.
Et puisqu'on en vient à parler de gueuletons, il est temps pour nous de vous souhaiter un "Bon appititu"!
AZIMINU
C’est toujours en fonction de la pêche, et aujourd’hui, sur les étals d’Ajaccio, elle est bonne et les pêcheurs du golfe sont heureux ! D’ailleurs ce matin la gaieté est partout sur la place du marché, sans doute grâce à ce petit air printanier qui veut bien s’installer sur l’île.
À l’origine, l’aziminu, ce n’est rien de bien compliqué, au contraire : les pêcheurs se contentaient de faire bouillir de l’eau de mer et d’y jeter les morceaux de poissons déchiquetés et par là même invendables.
Aujourd’hui, chaque Corse à sa recette. Qui me donnera son secret ?
Bien entendu personne ou par bribes sans tout dire… donc avec ces petites confidences mises bout à bout, j’ai rempli mon panier.
Quelques poissons de roche pour la soupe rouge : des girelles, des roucaous, des petites rascasses, des sarrans, un congre et quelques crabes.
Pour le plat lui-même j’ai choisi une belle rascasse, une dorade, une galinette et une queue de baudroie.
Chez le marchand de légumes, j’ai acheté des tomates, une tête d’ail, une branche de fenouil, un oignon et les pommes de terre.
L’huile d’olive, le thym, le laurier, le safran et la fleur de sel sont déjà à la maison et le citron au jardin.
Jean me portera le pain ce soir et j’ai commandé quelques oursins au petit Lucien.
Allez aux fourneaux maintenant ! Et soyez créatifs car je ne vous dirai rien de plus !
Le soir arrive sur les îles sanguinaires, la mer lisse devient miroir du couchant, la brise a cessé de souffler, la table est prête et attend les convives pour le grand moment de la dégustation entre amis !
Mais avant de vous dire au revoir, voici deux petits secrets : l’aziminu aime être accompagné d’une rouille liée au corail d’oursin et d’un Cordoliani*, de préférence rouge, un Niellucciu** divin.
Texte et photographies : LN
* Cordoliani : vin corse
** Niellucciu : cépage noir implanté en Corse par les Pisans au XIIème siècle